À propos de l'auteur
De nationalité mexicaine, René Palacios est l’auteur de plusieurs livres. Il a publié Ma petite histoire de l’opéra (Palette, 2020) ainsi que L’Opéra en clair (Ellipses 2010), qui a été traduit en espagnol et publié au Mexique dans la revue spécialisée ProOpéra. Il a consacré un ouvrage à Wagner, Découvrir Wagner qu’il a co-écrit et dirigé (Ellipses, 2012). Il a aussi participé à la rédaction d’un ouvrage collectif sur la musique, intitulé Wagner m’a tué (Ellipses, 2011). René Palacios travaille à l’Opéra national de Paris et retourne tous les ans au Mexique. Il partage l’amour de son pays dans ce Dictionnaire insolite du Mexique.
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FEMME ACTUELLE JEUX, 123 VOYAGE, juillet-août 2013
Le Mexique mode d’emploi par Laure Dubesset-Chatelain
« Ou l’on apprend que rien ne sert de courir, l’heure d’un rendez-vous au Mexique étant toujours approximative, le « retard » aussi… Que les touristes souffrant de troubles digestifs subissent, en réalité, la « vengeance de Moctezuma », empereur du XVIe siècle qui se vengerait ainsi des conquistadors. Et où l’on essaiera de prononcer « Coyolxauhqui », le délicieux nom de la déesse lunaire ! »
À l’occasion de la deuxième édition du Dictionnaire insolite du Mexique, René Palacios revient sur la genèse de son livre. Comment est née votre envie d’écrire un dictionnaire insolite du Mexique ?
J’ai toujours voulu écrire sur le Mexique. Écrire sur ce qui est méconnu, sur ce qui peut faire écho en France, trouver des correspondances, des oppositions, des vides, des liens entre les deux pays. On a tendance à s’intéresser au Mexique, ou à tout autre pays d’ailleurs, d’une manière isolée, mais on oublie qu’il existe des moments historiques qui unissent les nations. En l’occurrence, à travers les personnalités de Napoléon III, Victor Hugo, et même Manet. Ces connexions-là m’intéressent aussi beaucoup. Quand j’ai découvert les éditions Cosmopole, j’ai constaté que le titre sur le Mexique manquait. Alors je leur ai proposé de l’écrire.
Le sujet est vaste. Comment avez-vous opéré vos choix ?
J’ai veillé à parcourir toutes les facettes, sociales, économiques, géographiques, culturelles, etc., afin de proposer une vision complète (négative ou positive) et surtout équilibrée. Puis, j’ai choisi des entrées auxquelles je tenais mais qui présentaient un intérêt particulier, unique ou une résonance internationale. Le choix s’est fait parfois tout seul.
Quel est le premier mot que vous avez choisi ?
Je pense que dès que j’ai commencé à écrire, les entrées se sont amoncelées les unes sur les autres, pressées de jaillir, comme si elles avaient peur d’être oubliées. Mais à vrai dire, la « Fête des morts » est une des toutes premières entrées car c’est un événement typiquement mexicain, extrêmement riche, et qui peut dérouter facilement. Cette fête marie parfaitement une philosophie, un folklore et un héritage à du surnaturel. C’est fascinant ! Le phénomène est insaisissable. Mais aussi parce que c’est la date de mon anniversaire…
Vous avez fait un vrai travail de relecture lors de cette deuxième édition.
Après la parution de la première édition, j’ai commencé à écrire dans ma tête une deuxième édition avec les idées que j’accumulais à chaque séjour dans mon pays. J’ai par exemple évoqué les films Coco et Roma, supprimé des entrées qui risquaient de devenir obsolètes à court terme, comme celles des billets de monnaie. J’ai vérifié les nouvelles découvertes sur les sites archéologiques, les chiffres et les classements (la fortune de Carlos Slim a été évincée par celle de Jeff Bezos). D’autres sujets me semblaient intemporels, et continuent de nous parler.
Ce dictionnaire insolite a-t-il pour objectif d’aller à l’encontre des stéréotypes sur le Mexique ?
Je considère que c’est une erreur d’aborder le Mexique à travers le filtre européen. Ou pire encore : le résumer à un pays de narcos où la violence côtoie les pauvres qui cherchent à émigrer à tout prix vers les États-Unis. On ne voit que ça dans les journaux. C’est agaçant. On oublie la culture (il n’y a pas que Frida Kahlo), l’histoire millénaire, les multiples civilisations précolombiennes, les vastes aires culturelles, la richesse linguistique, la megadiversité, l’énorme variété culinaire qui n’a rien à voir avec le chili con carne, le folklore qui ne se résume pas au sombrero, l’artisanat, les légendes, les arts, et tout le patrimoine oral ! Le Mexique a cela de surprenant, qu’il crée un constant dialogue entre le présent et le passé. J’invite le lecteur à participer à ce dialogue.