À propos de l'auteur
Journaliste, Valérie Doux a grandi à Calais, au bord de la mer du Nord. Une mer qu’elle rêvait déjà enfant de franchir, pour découvrir les régions qui voisinent avec le cercle polaire et rencontrer les peuples si singuliers qui vivent dans de dures conditions. Elle a depuis sillonné l’Alaska, le Yukon, le Groenland, le Svalbard, la Laponie… et l’Islande, où elle a effectué plusieurs voyages, séduite tant par les paysages que par les Islandais et leur culture. À tel point qu’elle tente d’en apprendre la langue, qu’on dit imprononçable.
© Photo : Cyril Dhénin
NORD LITTORAL, 30 juillet 2016
L’Islande insolite de la Calaisienne Valérie Doux, par Grégory Faucquez
Valérie Doux, journaliste née à Calais, n’a pas attendu que l’euro de foot fasse de l’Islande une destination à la mode pour s’imprégner de cette île. De ses voyages au pays de Björk et de l’Eyjafjallajökull, Valérie Doux
a tiré un livre, dans la collection des Dictionnaires Insolites des éditions Cosmopole : « Ce n’est ni un guide, ni un carnet de route, dit l’auteure. L’idée d’un dictionnaire m’a tout de suite séduite. Cela permettait de tracer un portrait du pays et de ses habitants par petites touches, à travers des aspects de la vie des Islandais qu’on ne décrypte pas forcément quand on s’y rend pour la première fois. Pourquoi les Islandais se douchent-ils nus avant d’entrer dans une piscine ? Pourquoi vénèrent-ils autant les livres ? D’où vient qu’ils parlent de trolls dès qu’ils aperçoivent un rocher aux formes étranges ? »
On apprend quantité de choses au fil de ce dictionnaire. On y boit du Brennivin, on y grignote du Hardfiskur, on y découvre l’importance des sagas…
« J’ai trouvé intéressant de faire partager ma connaissance de la culture islandaise à travers un livre à picorer le temps d’un voyage. C’est forcément un point de vue personnel sur le pays. C’est un dictionnaire insolite, ce pourrait être un dictionnaire amoureux. »
INTERVIEW DE VALÉRIE DOUX, janvier 2018.
« En Islande, on se sent plus vivant qu’ailleurs. »
Battue par les vents, rincée par les averses et redessinée par la lave et la glace, l’Islande peut aussi prendre des couleurs explosives : en été, les fleurs sauvages envahissent le paysage, et même les champs de lave, nous raconte Valérie Doux.
« La région qui me fascine le plus ne tient que par un isthme au reste du pays, et les rivages de ce petit coin de terre représentent à eux seuls plus du tiers des côtes. Les Fjords de l’Ouest sont l’un des plus beaux endroits de la planète. Il n’est pas rare de se retrouver seul au milieu de ces immensités, situées à moins d’une journée de Reykjavík. Cette solitude, c’est un privilège, un cadeau. Et avec les paysages, l’émotion est assurée : la route – ou la piste – suit les lacets de chaque fjord, le suivant n’apparaissant qu’au dernier moment. Pas de pont pour les traverser, il faut rouler jusque dans leur creux pour atteindre la rive opposée. Parcourir cette région nécessite donc du temps. Le temps est le véritable luxe pour le voyageur, c’est la condition pour sortir des sentiers battus.
Cascades, glaciers, falaises et lacs, collines fleuries ou déserts de sable noir : le moindre petit sentier d’Islande mène à un endroit insolite. Dans ces paysages rudes, sous un ciel souvent bas et une météo très capricieuse, avec ce vent qui retient ou pousse à l’excès, on se sent plus vivant que n’importe où ailleurs, on a le sentiment de faire partie d’un tout. Et pour encore mieux s’éprouver, il existe les champs de lave, de glace et les montagnes à arpenter. Sur ces chemins, on découvre une terre solide, explosive ! Et aussi l’âme des Islandais, façonnée par les éléments.
La baignade est reine. Si, en France, on se retrouve au café entre amis, ici, c’est dans les piscines municipales, à ciel ouvert, chauffées par géothermie. Les Islandais discutent dans les jacuzzis et se rafraîchissent dans le grand bassin. Les sources d’eaux chaudes nichées dans la nature, les hot pots, sont le Graal en matière de baignade. Le corps au chaud, la tête au frais, on lâche prise. J’ai récemment découvert un site incroyable, sur la côte du Strandir, dans les Fjords de l’Ouest. Au bout d’une longue piste en voiture, un bassin d’eau chaude, sur une plage… C’était en juin. La mer était calme. Je m’y suis glissée, face à l’horizon. À ce moment-là, dans une lumière changeante, animée par quelques sternes arctiques, plus que jamais, je me suis sentie vivante. »