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Dictionnaire insolite de Venise

Bâtie sur un archipel de sel et de sable, Venise émerveille depuis plus de 1 500 ans. Après avoir longtemps rayonné sur la Méditerranée, la République Sérénissime s’est éteinte en un somptueux crépuscule qui n’en finit pas de resplendir, en dépit de la menace touristique et écologique. Son histoire et ses habitants constituent une mosaïque singulière et vivante, où l’on croise Fortuny, Corto Maltese,
Le Corbusier, les Pink Floyd, Peggy Guggenheim aussi bien que le mostro et autant de barnabotti, pittime ou pantegane. À Venise, vocabulaire et métaphores donnent matière à de savoureuses anecdotes, maritimes ou culinaires (bricole, folpeti, cannochie, castraure, scampi in saor, etc.).

Au-delà des guides touristiques, les dictionnaires insolites vous font voyager par les mots et aident à briser les idées reçues.


 

978-2-84630-117-6
12 x 17 cm160 pages
11 €

À props de l'auteur

Lucien d’Azay est né en 1966. Romancier, essayiste et traducteur, il est l’auteur d’une quinzaine de livres qui tiennent à la fois de la biographie, de la rêverie et du keepsake : les portraits s’y mêlent aux souvenirs intimes et aux réminiscences littéraires. Il a reçu le prix de la Revue des Deux Mondes en 2012 pour son essai Trois excentriques anglais (Les Belles Lettres, 2011). Ses livres les plus récents sont Sur les chemins de Palmyre (La Table Ronde, 2012), Keats, keepsake (Les Belles Lettres, 2014) et Ashley & Gilda, autopsie d’un couple (Les Belles Lettres, 2016). Aux éditions Cosmopole, il a également écrit le Dictionnaire insolite de Florence (2015).

© Photo : François Beaupré, Skyros, 2015.

 

LE POINT, 23 août 2012, Christophe Ono-dit-Biot
Vous allez à Venise ? Prenez le d’Azay.

« Le Dictionnaire insolite de Venise, troussé par le jeune écrivain quasi vénitien Lucien d’Azay, sera votre meilleur compagnon de jeu. D’altana à zanzarotto (et évidemment Zattere), c’est précis, délicat, original, et aussi croustillant qu’une fricassée de moleche. »

LE FIGARO LITTERAIRE, juin 2012
Des ouvrages sur Venise, loin des clichés. Par Thierry Clermont

« Auteur d’un récent et remarqué Trois Excentriques anglais, Lucien d’Azay connaît bien Venise: il y a vécu et enseigné. Son abécédaire est pure merveille et vrai régal. »


 

Entretien, octobre 2020

Quels sont les éléments du dictionnaire qui ceux qui reflètent le plus votre Venise ?
Toutes les entrées où j’ai tenté de représenter des scènes de genre typiquement vénitiennes, fruits d’années d’observation, mais aussi de lectures, car il y a une manière de vivre qui perdure à Venise et qui doit être liée à la morphologie de la ville, à la fois Cité-île et radeau échoué dans la lagune, république autonome, autrefois reliée à tous les points névralgiques de la Méditerranée, et aujourd’hui plateforme-vitrine hors du temps, tout à la fois cosmopolite et provinciale. J’ai parfois essayé de retranscrire l’atmosphère si particulière de la ville à chaque saison, sa lumière, ses bruits, ses odeurs, ses saveurs, ce qui fait que le souvenir lancinant de Venise persiste dans l’âme de ceux qui y ont vécu comme une image rétinienne.

Quel lieu, quelle œuvre ou même quel plat vous fait tout de suite penser à Venise ?
À Paris, par exemple, ce sont les arcades du Palais Royal, qui m’évoquent la place Saint-Marc. Je passe sur les multiples « Venises » de la province européenne, qui doivent leur surnom à un ou deux canaux : elles ressemblent en général si peu à Venise qu’elles vous font aussitôt éprouver une douloureuse nostalgie du real thing. Les Mémoires de ma vie de Casanova est l’un des livres les plus emblématiques de l’esprit vénitien : on y retrouve la désinvolture, la curiosité, la vivacité, la sensualité et le prosaïsme du Vénitien légendaire dans toute sa splendeur. Il y aussi des « types » vénitiens, hérités de la commedia dell’arte, que l’on repère tout de suite à leur manière de gesticuler, même à l’étranger. Quant à l’atmosphère vénitienne, Liliana Magrini en a merveilleusement traduit les nuances dans son Carnet vénitien.

Vous y êtes installé depuis longtemps, avez-vous vu la ville changer ? Certaines choses vous surprennent-elles encore ?
Je me suis « installé » à Venise en octobre 1994. La ville a beaucoup changé pendant ces vingt-six ans. Elle a perdu environ vingt mille habitants ; beaucoup d’artisans ont fermé boutique au profit d’un commerce de pacotille, factice et impersonnel, comme on en voit partout dans le monde dès qu’un lieu attire le tourisme de masse.

J’ai vu disparaître une bonne vingtaine de librairies, quantité d’épiceries, de boucheries, de bacari, ces troquets traditionnels où l’on peut déguster au comptoir des spécialités vénitiennes. Aujourd’hui, quelques fondations bienveillantes essaient tant bien que mal de sauvegarder les derniers artisans vénitiens en leur assurant des loyers modérés, mais les enjeux sont trop importants ; la Chine a notamment accaparé un si grand nombre de boutiques autour du Rialto que les Vénitiens surnomment désormais ce quartier « Taïwan ». En ce sens, on peut affirmer que la ville s’est dégradée, en raison aussi du laisser-faire et d’une certaine résignation de la part des habitants, trop vulnérables et démunis face à l’invasion touristique, mais surtout à cause d’une municipalité laxiste et corrompue qui privilégie Mestre aux dépens du centre historique de la Cité-île. Pour le reste, la ville, son site et sa prodigieuse architecture en particulier, n’a jamais cessé de m’émerveiller, mais je préfère en jouir la nuit ou à l’aube quand elle est désertée.

Quel conseil pourriez-vous donner au voyageur qui s’y rend pour la première fois ?
Je lui conseillerais de lire quelques livres qui traduisent l’esprit de Venise beaucoup mieux que des guides, comme Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq, Venises de Paul Morand ou Les Papiers de Jeffrey Aspern de Henry James. L’idéal, c’est d’arriver à Venise pour la première fois au milieu de la nuit, quand la ville est déserte : on découvre alors un décor onirique, hallucinatoire, qui se révèle peu à peu, comme dans un strip-tease, au lever du soleil. Ainsi avais-je fait en sorte de la découvrir une nuit d’été de 1988, à quatre heures du matin, en descendant d’un train de nuit en partance pour Zagreb, dans lequel j’étais monté trois heures et demie plus tôt à Milan.

Informations complémentaires

Poids 0.160 kg
Dimensions 12 × 17 cm